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Articles

Affichage des articles du février, 2018

Jupiter's Legacy [Mark Millar/Frank Quitely]

Une préface qui prend ses désirs pour des réalités .... E nfant légitime de la fantasy ( E dgar R ice B urroughs dans un 1 er temps) et du polar hard-boiled , (L'école Black Mask pour le dire vite) la bédé de super-héros réaffirmera son héritage certifié « dur à cuire » à l'instant d'inaugurer la vague « grim & gritty », apparue au mitan des eighties au travers des deux œuvres considérées d'ordinaire comme fondatrices ( DKR et Watchmen ), de ce qui deviendra un tsunami au sein de la bande dessinée américaine mainstream . Un courant sombre et violent, dans lequel M ark M illar sera comme un poisson dans l'eau. De manière inattendue, le scénariste écossais démarre le scénario de Jupiter's Legacy en 1932, liant l'apparition de ses super-héros (dans un monde qui n'en a pas) à la crise financière inaugurée par le tristement célèbre « jeudi noir » de 1929. Un krach qui a justement favorisé l’émergence et l'épanouissement de cette

The Last Contract [Ed Brisson/Lisandro Estherren]

Dessins de Lisandro Estherren & couleurs de Niko Gardia .... T he Last Contract est le type d'histoire qui donne à son lecteur 1/2 longueur d'avance sur son déroulé narratif. Elle remplace la tension du suspense à la surprise. Puisant dans les événements plutôt que dans ses personnages les ressources nécessaires à l'élaboration de ses scénarios, voir son astucieux thriller S-F intitulé Comeback (Panini 2014) par exemple [ Pour en savoir + ], E d B risson est plutôt ce qu'on nomme outre-Atlantique un plot-driven , et moins un character-driven . L'histoire de The Last Contact (publiée dans l'Hexagone par Ankama ) s'inscrit donc dans un scénario où l'intrigue prédomine ou, pour le dire autrement, l'idée - ici celle d'un tueur à gages détenteur de la carte vermeille © qui doit reprendre du service - architecture le récit.  Pas bégueule le scénariste y invite les figures imposées du genre, auquel il rend, comme il se doit hommage.

The New Avengers [Al Ewing & all.]

.... J e crois qu' A l E wing est un des rares scénaristes à travailler dans le milieu de la bédé américaine de divertissement, qui affirme n'avoir aucun problème avec les « events » qui ponctuent désormais les publications vendues par les deux plus gros éditeurs étasuniens des super-héros. Et si d'aventure vous avez lu certaines des ses histoires, il a dû vous apparaître clairement que son style s'y prêtait, en effet, à merveille. Si chez E wing une lecture « premier degré » suffit largement pour apprécier son travail, une bonne provision de Suspension volontaire d'incrédulité © est néanmoins nécessaire. Obligatoire même, comme nous allons le voir ! Une question bien légitime mon cher Hulking .... La série The New Avengers ™, que je viens de lire, en est une bonne illustration. Ses 18 numéros sont un festival de « repentirs », et la plus grande concentration « d'agents triples » (au moins) jamais orchestrée de mémoire de lecteurs. Deux techniques qui

Creepy [Kiyoshi Kurosawa]

    P assionnant parcours que celui de K iyoshi K urosawa. Passant d’un genre à l’autre avec aisance, d’une commande à une autre sans rien sacrifier des thématiques qui traversent sa filmographie – un goût prononcé pour l’observation du tissu social japonais contemporain couplé à une exploration atypique des genres –, le cinéaste japonais parvient dans un contexte de création difficile à poursuivre une œuvre riche et singulière. Creepy , adapté du roman du même nom de Y utaka M aekawa publié aux Editions d’Est en Ouest, témoigne de cet exercice d’équilibriste en étant autant une radioscopie d’un couple qui se délite qu’un thriller retors empruntant des méandres inattendus dans son cheminement. Dans cette histoire où Takakura ( H idetoshi N ishijima), ancien enquêteur expert en psychologie criminelle reconvertit dans l’enseignement, emménage avec sa compagne Yasuko ( Y uko T akeuchi) pour prendre un nouveau départ, le quotidien va progressivement se dérégler pour le couple au

Wild Blue Yonder [Glénat Comics]

Le titre fait référence à l'hymne de l'Armée de l'air américaine .... C 'est dans le bleu de toute l'immensité que se joue la survie de ce qui reste de l'humanité. Si l'intrigue n'est pas inédite, pas plus que le contexte post-apocalyptique dans laquelle elle se développe ; au moins est-elle scénarisée avec ce qu'il faut d'habileté pour nous le faire oublier. Aidé en cela par une poignée de personnages qui, s'ils empruntent tous plus ou moins à des stéréotypes, échappent néanmoins à leur déterminisme originel, grâce à une caractérisation au cordeau.  Au fil des cases ils s'incarnent, laissant une fois leur aventure terminée bien plus de traces dans notre mémoire que ce à quoi on n'aurait pu s'attendre. .... Une grande partie de l'immersion et de l'empathie dont Wild Blue Yonder se rend coupable tient au travail que l'équipe artistique traduit à chacune des 150 planches du recueil. Rien n'est laissé

Lady Killer [Jones/Rich/Allred] Glénat

Lettrage de Fred Urek .... D écrire Lady Killer comme l'inversion genrée du thriller criminel certifié années 50 est vrai, mais pas suffisant. Y voir le symptôme d'un zeitgeist pro-féminin n'est certainement pas faux, mais pas plus suffisant. Ainsi, résumer la bédé créée par J oëlle J ones & J amie S . R ich à ses apparences, c'est négliger le savoir-faire évident dont elle est le résultat, son ironie socratique, et son élégance.  Colorisation de Laura Allred .... Possible variation de Ma Sorcière bien-aimée , série télévisée à laquelle le recueil publié par l'éditeur hexagonal Glénat ne manquera pas de faire penser (du moins, à certains de ses lecteurs), et avec laquelle elle partage plus d'un point commun (le mari naïf, la belle-mère acariâtre, la double vie de l'héroïne, son exemplarité, l'époque, etc. ), Lady Killer propose un divertissement certes générique, mais que la pluralité des qualités - perceptibles dès les premières page

Batgirlisation

.... F aisant table rase du passé, Barbara Gordon alias Batgirl , amorce une nouvelle vie et déménage, dés son 35 ème numéro (daté de décembre 2014) de l'ère du New 52 * , dans le quartier de Burnside , sis Gotham City . Babs Tarr, Cameron Stewart & Brenden Fletcher Planet of the Apps .... L orsque Barbara Gordon s'installe dans le quartier branché de Burnside , il devient évident qu'elle renoue avec un certain art de vivre que n'aurait pas désavoué le S tan L ee des sixties , lorsque avec ses compères il inventait une nouvelle race de super-héros. Un retour à la fac plus tard, une coloc , une soirée qui déchire, une gueule de bois et un vol d'ordinateur seront nécessaires pour qu'apparaisse, au bout de 14 pages (sur les vingt de ce trente-cinquième numéro), le célèbre alias masqué de la jeune femme, qui donne son titre à la série. Un t-shirt estampillé "52" de circonstance Sorte de copie pas tout à fait carbone d'un Pe

Mickey et l'océan perdu [D-P Filippi & S. Camboni]

.... I maginez un triangle amoureux composé de J ules V erne, H . G . W ells & W illiam G ibson, que croyez-vous qu'il en accoucherait ? Probablement un scénario tel que celui qu'a concocté D enis- P ierre F ilippi, pour Mickey , Minnie , Dingo & Pat Hibulaire , et intitulé Mickey et l'océan perdu . Sorte de voyage extraordinaire alimenté par un moteur à deux temps : steampunk & cyberpunk , le scénariste plonge - littéralement - ses personnages (et nous avec) dans l'océan du titre pour une raison que je vous laisse découvrir. En seulement vingt-cinq pages, je lis cette aventure dans l’hebdomadaire le Journal de Mickey , mais il est également commercialisé en album, or donc en 25 pages, le scénariste multiplie les rebondissements dans une fort belle ambiance S-F. Toute la quincaillerie inhérente aux deux sous-genres cités répond présent, et le souffle de la grande aventure fait tourner les pages à vitesse « grand V ». Du steampunk 2.0 vous di

FAITH : À la conquête d'Hollywood

.... I nventée à l'aube des années 1990 par J im S hooter et D avid L apham, le premier surtout connu pour avoir été un editor-in-chief très controversé de la Marvel , et le second pour sa série Stray Bullets , Faith Herbert alias Zephyr connaitra un revival , au même titre que ses pairs, sous la houlette de J oshua D ysart et la bannière du nouveau Valiant , quelque vingt-cinq ans plus tard. Héroïne endomorphe, une rareté dans la population pourtant très nombreuse des super-héros américains, Faith s'est vue octroyer sa propre série, après un galop d'essai de 4 numéros, celui-là même dont je vais parler. Nanti d'un a priori très positif, je suis de ceux qui pensent que les silhouettes des super-héros et/ou de leur alter ego devraient montrer un peu plus de diversité, j'ai saisis l'exemplaire disponible dans l'une des bibliothèques municipales où j'ai mes entrées, dans l'espoir de passer un bon moment.  .... Écrites par J ody H ouser, le

Écureuillette contre l'univers Marvel

.... É cureuillette , personnage relativement mineur de l'éditeur étasunien Marvel , inventé par S teve D itko, qu'on ne présente plus et par W ill M urray, grand spécialiste de la littérature publiée dans les pulp magazines , et par ailleurs romancier, notamment des aventures de L'Implacable * (The Destroyer en V.O) ,  ; Écureuillette donc disais-je, a les honneurs d'un graphic novel , traduit par la branche hexagonale de l'éditeur Panini , dans une collection justement nommée ...... « Graphic Novel ». Évacuons d'ores et déjà un malentendu. Un graphic novel , outre-Atlantique, est ce qu'on appelle en France un album.  Autrement dit une histoire qui paraît d'un seul tenant mais surtout qui a été pensé comme tel. Sans avoir été au préalable commercialisée mensuellement, mode de publication encore largement dominant aux États-Unis , notamment lorsqu'il s'agit d'histoires de super-héros. Un graphic novel peut, le cas échéant, faire