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Articles

Affichage des articles du janvier, 2018

Top Ten [Di Filippo/Ordway]

.... L ecteur assidu du label America's Best Comics , créé par A lan M oore et toute une flopée de dessinateurs, dont j'allais me fournir en numéros dans la boutique le Paradoxe Perdu quand elle était place Grenus ( Genève ), j'avais assez mystérieusement fait l'impasse sur la mini-série écrite par P aul D i F ilippo et dessinée par J erry O rdway. Mystérieusement, car j’appréciais D i F ilippo dont j'avais lu deux recueils de nouvelles ( La Trilogie Steampunk et Pages perdues ), et que appréciais encore plus J erry O rdway.  Toutefois l'arrivée de qui vous savez dans les pages de la Justice League of America , écrite par S teve O rlando, m'a donné envie de me replonger dans cet univers. .... Dès le premier numéro, voire dès les deux premières pages O rdway & D i F ilippo montrent qu'ils sont tout à fait capables de reprendre le flambeau des mains mêmes de M oore, G ene H a & Z ander C annon.  La multitude de personnages ne fait év

Frederik Peeters & Serge Lehman : L'Homme gribouillé

L oin de moi l'idée de réduire L'Homme gribouillé aux effets de surprise qui s'y succèdent. Néanmoins, alors que cet album de bande dessinée mérite d'être lu et relu , et que dans les cas des relectures le plaisir esthétique & intellectuel va grandissant, en préserver le mystère du scénario est un supplément dont il serait fâcheux de se priver, la première fois. Un "géologue" qui ressemble beaucoup à Serge Lehman   Ainsi, si vous connaissez le travail de S erge L ehman, aussi bien ses scénarios que ses romans, et/ou si vous connaissez ceux de F rederik P eeters, cela devrait vous suffire à tenter l'aventure, sans en savoir plus. Si vous appréciez les deux, la question ne se pose même pas. Toutefois j'ajouterai que L'Homme gribouillé c'est plus de 300 pages au lavis, dans de magnifiques dégradés de gris, imprimé sur un papier Munken Polar , et serti dans une reliure dite « Integra » ; comme celle des recueils de Swamp Thing ou

Justice League of America #22

.... A près avoir pris part à une discussion sur l'arrivée d'un nouveau personnage dans le giron de la Justice League of America , laquelle est actuellement cornaquée par S teve O rlando spoiler [ Pour en savoir + ], j'ai en y réfléchissant ensuite, été frappé par un élément qui d'une part valide cette arrivée, et d'autre part permet aussi de l'ignorer.   Il va sans dire que quiconque veut lire cette série sans interférences capables de lui en gâcher le plaisir, ne devrait pas lire ce qui suit. .... P ubliée au sein d'un label indépendant, créé pour l'occasion, Promethea puisque c'est d'elle qu'il s'agit, est une invention d' A lan M oore & J ohn W illiams III. Lorsque j'écris indépendant, il s'agit de dire que les séries d' America's Best Comics (ABC), le label en question, étaient indépendantes des autres séries que commercialisait à l'époque WildStorm . Maison d'édition, alors dirigé par J im

American Alien [Max Landis & Co.]

Max Landis himself .... I l se trouve qu'en cette année où Action Comics , l'illustré qui a relaté le premier la destruction de la planète Krypton , atteindra la barre assez ahurissante des 1000 numéros , j'ai lu le projet de M ax L andis intitulé American Alien .  Sept numéros plus ou moins indépendants les uns des autres consacrés à Clark Kent , publiés chronologiquement : de la découverte de ses pouvoirs dans une ferme du Kansas , au réconfort d'un amour partagé, dessinés par autant de dessinateurs.    Ce n'est certainement pas un secret que je révèle, qu'en quatre-vingt ans d'existence, l' alter ego de Superman a déjà connu - plusieurs fois - ce type d'histoire. Et pourtant, le jeune scénariste fait montre d'une belle maestria , et d'une sensibilité touchante, que traduisent avec beaucoup de talent les artistes (dessinateurs, encreurs et coloristes) avec qui il collabore (voir infra ). J'imagine aisément aussi un

Missile Gap [Charles Stross/David Creuze]

.... Missile Gap de C harles S tross (traduit par D avid C reuze), est une novella délicieusement uchronique et étrange.  De ces récits où la participation du lecteur est requise, car le monde dans lequel l'auteur propose de nous plonger n'est accompagné d'aucun mode d'emploi. Au contraire, au gré de ce qui arrive à plusieurs protagonistes ou au travers de ce qu'ils font, autant de cartes postales laissent deviner de quoi il est question, sur un mode plus intuitif que didactique Et lorsque d'aventure, l'un d'entre eux, C arl S agan pour ne pas le nommer, en fait preuve, il n'est pas sûr que ses explications (scientifiques) soient aussi intelligibles (et rassurantes) qu'on le voudrait. Couverture anglaise par J. K. Potter Mais c'est justement là qu’opère le charme, dans cet entre-deux d'un monde connu, le nôtre et celui qu'il est devenu.  .... Reste que dans un élan d'empathie C harles S tross ne nous laisse pas en pla

A Ghost Story [David Lowery]

      A ghost story – titre éminemment programmatique – explore le versant intimiste du film de fantôme avec un changement de perspective singulier : c’est l’errance du revenant que s’attache à dépeindre cette chronique à la dimension existentielle prononcée. En partant de cette représentation ancrée dans l’imaginaire collectif, à savoir un spectre matérialisé par une silhouette nappée d’un drap et de deux orifices noirs pour toute expression, le réalisateur et scénariste D avid L owery déploie cet observateur silencieux comme témoin du fil de l’écoulement du temps au sein de l’espace restreint à la dernière demeure du défunt où s’entremêlent diverses strates d’existences. Le film se pare d’une langueur mélancolique qui s’insère dans la durée de longs plans séquences, l’étirement de l’instant capturant la moindre variation subtile des sentiments qui agitent les personnages ; un enlacement fatigué se mue ainsi en une discrète étreinte affectueuse le temps d’une scè

Hard Sun [Série TV]

•••• C 'est sur le terrain du contexte que s'aventure Hard Sun , série télévisée proposée par la BBC . Menant une enquête par épisode, dont le premier palpitant comme une carotide installe justement ledit contexte, la série soigne particulièrement ses personnages. Surtout les deux enquêteurs principaux, qu'elle dote chacun d'un background apte à produire une diégèse très addictive, et fait pour durer. Rien qui n'ait cependant été fait ailleurs, même le contexte plutôt original pourtant, mais que la mise en concurrence et l'interprétation de ses acteurs hissent au niveau de ce qui se fait de mieux sur le marché du divertissement. La toile euristique , passage presque obligé de nombreuses fictions Ajoutez une mise en scène d'une redoutable efficacité, le découpage des premières minutes du premier épisode, et la révélation qui va avec sont à couper le souffle, ainsi que des ambiances très travaillées, la scène forestière du deuxième épisode est

Crooked House [Agatha Christie/Gilles Paquet-Brenner]

« De tous mes romans policiers, mes deux préférés sont, je crois, La Maison biscornue et Témoin indésirable . » Agatha Christie La Maison biscornue Mon premier est une très riche famille anglaise, vivant sous le même toit. Mon second est une mort qui éveille les soupçons, et réveille les rancœurs. Mon tout est une adaptation cinématographique, un chouïa trop languide, d'une enquête écrite par la célèbre A gatha C hristie. L'une de celles qui ont fait sa réputation, et dans laquelle elle injectait, au mépris des conventions en vigueur, une bonne dose d'originalité. La solution, replacée dans le contexte de l'époque - contemporaine des faits relatés - a dû faire son petit effet. Bonne nouvelle, il n'a pas encore atteint sa date de péremption, presque soixante-dix ans plus tard. Bravo !

DRAGON [Thomas Day]

.... J amais facile de parler d'une lecture. Surtout que je m'interdit de produire des « fiches de lecture », véritable épidémie de la critique littéraire (dans sa plus large acception), tout autant amateure que professionnelle d'ailleurs ; lesquelles résument si méticuleusement ce dont elles parlent, qu'il devient inutile de le lire l'objet de leur avis. Mais que je m'autorise la tentation présomptueuse d'une certaine rigueur littéraire, et d'une pointe d'originalité formelle. Couverture d'Aurélien Police .... N onobstant les obstacles d'un choix narratif tout sauf chronologique et d'un contexte difficile à traiter, Thomas Day réussit la gageure de nous scotcher à son récit de bout en bout. Tout en évitant avec élégance, l'écueil d'un voyeurisme mal placé.  Sauf envers la caste des prédateurs de bacs à sable qui ont fait de la Thaïlande leur terrain de jeu privilégié ; notamment la mise à mort de l'un d'entre

La Bibliothèque de Mount Char [Scott Hawkins]

.... I ntrigué par la singulière situation que décrivaient ses premières pages, j'ai consacré une bonne partie de mon temps libre à me plonger dans le premier roman de S cott H awkins, traduit par J ean- D aniel B rèque pour la collection Lunes d'Encre ( Denoël ) : « Inondée de sang et les pieds nus, Carolyn marchait seule sur le ruban d'asphalte à deux voies que les Américains appelaient la Highway 78. La plupart des bibliothécaires, dont elle-même, avaient fini par la baptiser la piste des Tacos, ainsi nommée en l'honneur d'un restau mexicain où ils leur arrivaient de filer en douce. » Couverture d'Aurélien Police .... Toutefois, plus j'avançais, moins les motivations et la nature des uns et des autres devenaient claires. Revers d'un parti pris radical, le chaos et une surenchère dans la violence affaiblissaient - petit à petit - mais de façon irrémédiable, l’intérêt qu'avait suscité une bonne partie des plus de 450 pages de l'ouvrage.

Le Quatrième homme (série TV)

.... M ini-série télévisée vue dernièrement, Le Quatrième homme , réussie à donner un coup de projecteur sur un romancier qui m'était inconnu, dont c'est ici l'adaptation d'un des romans, L eif G . W . P ersson. Et à déployer un large spectre de situations, qu'un téléspectateur curieux ne manquera pas de questionner. On peut cela dit, tout aussi bien profiter du seul aspect distrayant de ce programme en trois parties, il est de grande qualité. Stockholm, 1989. Les policiers Bo Jarnebring et Jeanette Eriksson enquêtent sur le meurtre de Kjell Ohlsson, sous la houlette de Bäckström, leur chef misogyne et homophobe. 2011 : policier réputé, l'officier Johansson prend la tête des opérations des services de sécurité. Il s'entoure d'un brillant trio composé de Jan Lewin, Linda Martinez et… Jeanette Eriksson. Le cabinet du Premier ministre leur soumet un vieux dossier : la sanglante prise d'otages du 24 avril 1975, à Stockholm, par la Fraction armée

L'Éducation de Stony Mayhall [Daryl Gregory]

Couverture du toujours aussi talentueux Aurélien Police , traduction de Laurent Philibert-Caillat .... D ifficile à croire c'est sûr, Jack Gore n'y croyait qu'à moitié d'ailleurs, un bébé miracle, rien que ça. Cela dit, le souffleux avait de la ressource, il en fallait pour réussir à séduire avec une histoire de zombies, pardon, de morts-vivants. Vu que ce n'était pas ce qui manquait en ce moment. Mais D aryl G regory maniait le motif de l’ennemi intérieur comme personne. Faut dire que les États-Unis d'Amérique ont toujours eu maille à partir avec une « cinquième colonne ». D'abord les Indiens , puis les Anglais (contre d'autres Anglais devenus Américains ) et enfin guerre de Sécession autrement appelée Civil War , pour ne citer que ces affrontements-là.  Aucun mystère à ce que les zombies s'épanouissent au pays du Colonel Sanders . En tout cas, en tant que bildungsroman L'Éducation de Stony Mayhall se posait là. À croire que le