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Articles

Affichage des articles du août, 2017

The Girl with All the Gifts

« Quand le citoyen-écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : « Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? » il évite de poser cette autre question, réellement inquiétante : « À quels enfants allons-nous laisser le monde ? ». »  J aime S emprun .... Si M ike  C arey, scénariste surtout connu pour ses bandes dessinées (et qui adapte ici son propre roman), ne se contente pas de s'appuyer sur ce qui a déjà été fait dans ce type de film, si  C olm M c C arthy filme cette histoire avec un plaisir communicatif, The Girl with All the Gifts doit aussi beaucoup à sa jeune interprète  S ennia N anua ; épatante. .... En définitive, un long-métrage dont on peut se passer d'en savoir trop avant de le voir, et qui une fois vu, laisse le formidable souvenir d'un film plein de surprises (un petit tour de force en soi) et totalement captivant.

Message from the King

.... A vec un pitch de moins de 25 mots, et un cheptel de personnages plus clichés les uns que les autres, le film du réalisateur  F abrice D u W eltz n'avait guère d'atouts à faire valoir. Sans parler du « mystère » entourant Jacob King (alias C hadwick B oseman), dont la maladresse avec laquelle il est introduit est égale à son effet. Et pourtant, Message from the King est un film que j'ai pris beaucoup de plaisir à regarder (et dont je sais d'avance que j'en prendrai autant à le revoir). Les acteurs principaux,  C hadwick B oseman en tête, très marmoréen (si j'ose dire), incarnent avec conviction leur personnage respectif.  Ils leur donnent la dimension humaine nécessaire que leur statut de stéréotype aurait pourtant tendance à gommer.  La simplicité du récit n'est pas non plus avare d'une certaine tension, plutôt attractive, alors même que ce type de scénario a été vu et revu. Teresa Palmer .... A u final, un résultat très au-dessus d

Mr. Mercedes (Stephen King/David E. kelley)

.... C onvaincu par la présence de l'acteur principal de venir jeter un coup d’œil au 1 er épisode de cette nouvelle série télévisée, j'en suis depuis au deuxième et ça ne risque pas de s'arrêter là. Adaptation éponyme d'un roman de S tephen K ing, auteur dont je ne lis plus rien depuis déjà pas mal de temps, donc impossible (ou presque) de dire la part qu'en contient la série crée par D avid E . K elley, mais le résultat lui est bluffant.  Le showrunner n'est pas non plus un perdreau de l'année, et il a déjà à son actif quelques belles réussites télévisées. Un stupéfiant travail des accessoiristes/décorateurs .... Violence explicite, relation filiale perverse tout aussi clairement mise en scène, sexualité  du « troisième âge » joliment traitée, Mr. Mercedes   soutenu par une distribution qui fait des étincelles,  propose un divertissement à ne pas mettre entre toutes mains . Toutefois, ceux qui pourront y goûter ne devraient pas le regretter.

The American Way (Ridley/Jeanty) WildStorm

…. M anière de s’approprier un genre dont la surexploitation rend assez difficile d’y cultiver une voie/voix singulière, et par la même occasion d’asseoir les bases de son propre récit, The American Way pose deux raisons d’être à l’avènement des super-héros dans la société où ils prennent place, déconnectée de tout autres univers connus où ils existent déjà.  L’une s’inscrit dans l’époque durant laquelle se déroule les 8 numéros de la série de manière évidente, sans être totalement originale, et justifie - astucieusement - la seconde idée qui elle, donne un ton nouveau au phénomène né en 1938 et relancé péniblement mais avec beaucoup de succès, en 1956 [ Showcase #4]. The American Way n'est pas avare de citations Toutes aussi intéressantes que soient ces deux idées, elles n’occupent toutefois que l’arrière-plan (très productif en terme de diégèse cependant) de la série, dont le vrai sujet est la place qu’occupaient les Africains-Américains dans la société américaine

Caballistics Inc. (Gordon Rennie/Dom Reardon) 2000AD

• •• P ersonnages anguleux (presque schématiques), cases quasi ascétiques, noir & blanc épurés ; sur Caballistics Inc. D om R eardon – le dessinateur – semble importer au cœur de son travail la théorie dite de l’iceberg, d’ E rnest H emingway. Laquelle stipule qu’une histoire se construit avec le non-dit, le sous-entendu et l’allusion. Une sorte d’économie de l’implicite qui trouve un terrain d’expression absolument fascinant ici. « Écrire comme Cézanne peint » disait le prix Nobel de littérature (1954) à son propos. Rien d’improbable alors qu’un artiste du 9 ème art se réapproprie un jour ou l’autre cette technique.  À cela s’ajoute un sens du découpage, du cadre et de la composition qui captive immédiatement et jamais ne se relâche.  Autre tour de force, le savoir-faire nécessaire au scénariste ( G ordon R ennie) pour faire, à partir d’une matière première tellement rebattue qu’elle est devenue un véritable cliché, un filon de nouveau prospère.        C aballistics

Rose O'Rion (Judge Dredd Megazine)

…. R ose O’Rion , cambrioleuse, aventurière, agent double, évolue dans un univers de science-fiction où la science est plus fantaisiste que rigoureuse. Pleine de ressources et souvent victime de la « loi de l’emmerdement maximum », Rose n’en porte pas moins le pantalon dans des histoires menées tambour battant, où le mâle est soit un faire-valoir ou soit une victime ; bref un second rôle.  À moins qu’il n’occupe la place de l’antagoniste.  Une bibliothèque "vivante", voilà une belle idée …. Si les scénarios des 3 aventures que j’ai lues sont assez ordinaires, ils n’en sont pas pour autant ennuyeux. Kek-W , le scénariste, et les deux dessinateurs ( D ylan T eague & A ndy C larke) qui se relaient, puis collaborent sur le troisième récit, proposent un moment de lecture distrayant, mais ne tentent visiblement pas de révolutionner le 9 ème Art.  Ce que je ne leur reprocherai pas.  …. R este une héroïne qui occupe, avec simplicité et beaucoup de naturel, un rôle

Incognegro (Mat Johnson/Warren Pleece) Vertigo

« Je cherche à trouver les mots justes pour raconter une histoire. Ensuite, ces mots peuvent permettre d’exprimer quelque chose sur la race, ou sur l’Amérique. Et peut-être amener mes lecteurs à y réfléchir à leur tout. »   C olson W hitehead (auteur notamment de « Underground Railroad ») …. Q uand bien même Incognegro est-il un ouvrage qui prend position, M at J ohnson n’oublie pas que la collection Vertigo – aussi sophistiquée soit-elle – propose, avant tout, des histoires. Il ne s’agit donc pas ici d’un essai mais bien d’une fiction qui use des ressorts qu’on en attend.  Parue sous la forme d’un graphic novel , autrement dit d’un album de bande dessinée publié d’un seul tenant, par opposition aux fascicules périodiques, système de ventes encore dominant aux U.S.A , il s’inspire de la propre imagination du scénariste, de ses propres enfants et de l’exemple de W alter F rancis W hite. L’ Incognegro du titre est un journaliste d’investigation qui écrit – sous pseudony

Dead Men Walking (James Stevens/Boo Coock)

…. D ead Men Walking débute de façon assez classique : un détachement de prisonniers arrive dans lieu de détention, microcosme gouverné par le « darwinisme social » le plus exacerbé, où chacun des nouveaux devra choisir son camp. Celui des proies où celui des prédateurs. Loin de se cantonner uniquement à une énième histoire en milieu carcéral, Dead Men Walking propose aussi un contexte de science-fiction qui ne fait pas que de la figuration (sans être pour autant de la hard science ).  Sans être d’une originalité folle, le scénario montre suffisamment de ressource pour stimuler la curiosité tout du long. Grâce – également – à un mauvais esprit affiché et à de multiples retournements de situation.  Une lecture rendue encore plus agréable par le travail de B oo C oock, dessinateur au style reconnaissable entre tous qui dynamise visuellement cette histoire, déjà menée à un train d’enfer par son scénariste.   .... D avid B isphop, qui publie ici sous un alias, longtemps ed

The Shadow (Spurrier/Watters/HDR)

Mike Kaluta .... S i S purrier, scénariste multicartes, s'attaque ce mois-ci au Shadow , justicier mystérieux, armé & dangereux. S'il est né sur les ondes radiophoniques étasuniennes - sorte de « Monsieur Loyal » d'une émission policière - le Shadow a néanmoins établi sa réputation grâce à ses aventures parues dans les pages des pulp magazines .  Notoriété qu'il a ensuite entretenue au cinéma et dans les pages des comics . .... Ce premier numéro, écrit en collaboration avec D an W atter et dessiné par D aniel HDR a sérieusement attisé ma curiosité, ce qui est toujours bon signe. Une aventure contemporaine de ses lecteurs Cependant, une telle entrée en matière nécessite le soutien très actif des épisodes suivants pour ne pas être autre chose q'un pétard mouillé, dont l'implosion serait inversement proportionnelle aux attentes qu'il aura provoquées.  Reste quoi qu'il arrive, une narration qui, si elle a déjà fait ses preuves n'en e

SCARAB (John Smith/Scot Eaton) Vertigo

••• N e nous voilons pas la face, si nombres d’auteurs britanniques se sont vus ouvrir les portes de l’industrie de la bande dessinée américaine à partir du début des années 1980, outre la légende dorée (et un tantinet exagérée) d’une recherches de créateurs inventifs, l’une des raisons – voire la raison - qui a motivé cette ouverture et qu’ils étaient moins chers que leurs homologues étasuniens.  J ohn S mith lui, fait partie des scénaristes britanniques qui se sont manifestés auprès de DC Comics lorsque J amie D elanno a annoncé son départ de la série phare du label Vertigo , mais c'est finalement G arth E nnis qui a été retenu pour écrire les aventures de John Constantine . Si pour les lecteurs américains (et les lecteurs français) J ohn S mith est pratiquement inconnu, encore aujourd’hui d’ailleurs, il n’en est pas de même outre- Manche . Scénariste collaborant depuis de nombreuses années au périodique 2000AD , où il a entre autres créé Devlin Waugh ou encore la séri

Age of the Wolf [Alec Worley/Jon Davis-Hunt] 2000AD

… S i Rowan Morrigan refuse de se soumettre au sacrifice que lui impose une antique prophétie, la série dont elle est l’héroïne refuse elle aussi de se plier à une mentalité (au moins) tout aussi ancienne, et patriarcale. .... S’articulant sur l’itinéraire bien connu du « Voyage du héros », emprunté aux travaux de J oseph C ampbell, Age of the Wolf [ 2000AD #1700-1708/septembre-octobre 2010] y substitue – en toute connaissance de cause et de manière revendicative – une héroïne audit héros.  Laquelle, habitée par le stéréotype de sa génération : le refus de se soumettre que l’on prête volontiers aux « enfants du millénaire », n’en est pas moins aussi l’héritière d’un patronyme qui n’a pas été choisi par hasard.  Un aspect que je développerai lorsque viendra le moment d'aborder le second chapitre de la trilogie qu'ont créée A lec W orley & J on D avis- H unt pour le périodique britannique 2000AD .  Carburant diégétique à fort potentiel, capable d’influencer

Judge Dredd : [Uncivil Partnership] Alec Worley/Eric Powell

.... A ujourd'hui je vous propose une aventure du Judge Dredd , parue dans un numéro spécial lié au Free Comic Book Day , mais pas n'importe quelle aventure. En effet, elle est dessinée par E ric P owell le talentueux créateur de The Goon , et scénarisé par A lec W orley. Mais ce dernier parlera moins aux amateurs de « comics » francophones traduits en français, puisque le marché Hexagonal est trusté par la BD américaine (quand bien même nombre de scénaristes et de dessinateurs britanniques travaillent aussi pour le marché américain ; mais pas W orley). Or donc P owell n'a pas fait les choses à moitié, et ceux qui aiment son travail sur ses propres créations, ne seront pas dépaysés.

Furies [Arthur Wyatt & Alex de Campi]

18/07/2017 .... A lex de C ampi, dont je suis le travail depuis « SMOKE » (dessinée par I gor K ordey), arrive dans l'univers du Judge Dredd , et s'en réjouit. Déplorant au passage ( Judge Dredd Megazine n° 383) que les éditeurs étasuniens ne laissent pas les femmes scénaristes écrire des personnages tels que Superman , Batman ou Captain America .     Seconde femme (après E mma B eeby) à écrire ce personnage majeur de l'univers développé depuis 40 outre-Manche [ Pour en savoir + ],  elle collabore ici au scénario avec A rthur W yatt.  Lequel s'était – entre autres - déjà frotté à une suite (sous forme de bande dessinée)  de  Dredd ,   le film   de 2012, intitulée « Underbelly ». .... « Furies » l'histoire dont il est question ici (1 er partie parue dans le Judge Dredd Megazine n°386), écrite en collaboration avec A lex de C ampi donc, et dessinée par P aul D avidson s’y plonge également, en s’intéressant cette fois à « Clan Techie » (alias D omhnall G

Judge Dredd [Ghosts] 2000AD

.... U ne intervention banale de Dredd prend un tour inattendu lorsqu'il apprend la mort d'une enfant entrée à l' Academy of Law . « Ghosts », scénarisée par M ichael C arroll – dont j’aime assez le style – aurait pu durer plus que les 36 planches dont elle a bénéficié. Plutôt que de tirer à la ligne, C arroll resserre son intrigue en faisant des choix qui retiennent l’attention autant qu’ils dépeignent le contexte dans lequel elle se déroule, sur le mode du « show, don’t tell ».  En très peu de pages donc, on s’immerge dans les « us & coutumes » de Mega-City One avec une facilité déconcertante ; quand bien même étions-nous ignorant de son existence avant de nous y plonger.  « Ghosts » bénéficie, outre le savoir-faire d’un scénariste qui connaît son travail, des dessins de M ark S exton.  Sens du détail et mise en récit astucieuse & dynamique, le plan-séquence (si j’ose dire) ci-dessous est assez bluffant (et tout à fait représentatif de son travail) :