Accéder au contenu principal

JUST A PILGRIM (Garth Ennis/Carlos Ezquerra)

.... La série JUST A PILGRIM ressort de ce qu’on appelle communément le « post-apocalyptique », l’apocalypse dont il est fait état ici est celle synonyme de catastrophe ; bien que la signification religieuse du terme ne sera pas totalement absente.
Dans ce genre de récit, en règle générale, la catastrophe n’est pas le sujet de l’intrigue mais plutôt l’un de ses carburants, et les 9 numéros qui composent la totalité de l'histoire n'échappent pas à cette règle. En tout état de cause, dans le cas d’une catastrophe naturelle, comme c’est le cas ici, la défaillance subite d’une chose ou d’un processus sur lequel nous comptions, suggère que les fondements les plus sûrs de notre existence sont en définitive aléatoires et fragiles ; une conclusion que le personnage principal de la série ne partage manifestement pas. Bien au contraire.
.... Publiée à l’origine sous la forme de deux mini-séries (respectivement de 5 et 4 numéros) par l’éphémère maison d’édition Black Bull une branche de Wizard Entertainment qui publiait également un magazine consacré à la bande dessinée, Wizard (qui paraîtra un temps dans l’Hexagone), JUST A PILGRIM ressemble a une bonne grosse blague qui tache dont le scénariste semble se faire une spécialité.
Spécialiste de la violence visuelle et de l’humour noir le scénariste Garth Ennis propose souvent des histoires plus fines que ne le laisse supposer une lecture superficielle.
Conscient que le crépuscule de l’humanité ouvre un champ infini de spéculations sous un jour sensationnel, spectaculaire mais aussi social le scénariste met en scène un personnage, dont l’identité ne sera pas révélée, qui se fait appeler le « pilgrim », c’est-à-dire le « voyageur » ou plus précisément ici le « pèlerin ».
En effet ce dernier est une sorte de dur à cuire (ex-Béret vert) versé dans les Saintes Écritures.
JUST A PILGRIM c’est l’histoire d’un homme qui, croyant accomplir une Mission, et qui utilise tous les moyens même les plus abjects pour y parvenir, trouvera une réponse à la question qu’il ne se posait pas, nonobstant toutes les bonnes raisons qu’il avait de le faire : quel destin malin voudrait la mort de tout ce qu’il a créé ?
Les dessins sont de Carlos Ezquerra, transfuge si je puis dire du magazine britannique 2000AD, et par ailleurs créateur artistique du Judge Dredd

.... C’est efficace et maîtrisé du moins autant que je puisse en juger à l’aune de ma sensibilité, et si JUST A PILGRIM n’est pas forcément un titre qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque Garth Ennis ; je gage que ceux qui l’ont lu ne l’ont pas oublié pour autant.

Commentaires

  1. Je confirme : je ne l'ai pas oublié pour autant.

    L'intrusion du système de valeur religieux, intransigeant et réactionnaire du Pèlerin polarise les individus en face de lui et déclenche des réactions de crispation. Ennis ne se limite pas à refaire le coup de l'étranger qui arrive en ville pour régler les problèmes et dévoiler les défauts des uns et des autres. Il dévie de ce schéma de western spaghetti pour exposer le passé du Pèlerin, ce qui provoque encore d'autres réactions dans la communauté.

    Je garde encore en mémoire l'incroyable chef des pilleurs (acré Ennis et sacré Ezquerra).

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Triple frontière [Mark Boal / J.C. Chandor]

En même temps qu'un tournage qui devait débuter en 2011, sous la direction de K athryn B igelow, Triple frontière se verra lié à une tripotée d'acteurs bankables : S ean P enn, J avier B ardem, D enzel W ashington. Et même T om H anks. À ce moment-là, le titre est devenu Sleeping dogs , et d'autres noms circulent ( C hanning T atum ou encore T om H ardy). Durant cette période de valses-hésitations, outre M ark B oal au scénario, la seule constante restera le lieu où devrait se dérouler l'action. La « triple frontière » du titre est une enclave aux confins du Paraguay , du Brésil et de l' Argentine , devenue zone de libre-échange et symbole d'une mondialisation productiviste à fort dynamisme économique. Le barrage d' Itaipu qui y a été construit entre 1975 et 1982, le plus grand du monde, produirait 75 % de l’électricité consommé au Brésil et au Paraguay . Ce territoire a même sa propre langue, le « Portugnol », une langue de confluence, mélange d

The Words

... The Words ( Les Mots ) est un film qui avait tout pour me séduire : le roman en tant qu'élément principal, des acteurs que j'aime bien ; D ennis Q uaid, J eremy I rons, J . K . S immons et B radley C ooper. Éléments supplémentaire l'histoire se révèle être une histoire dans l'hisitoire. Ou plus exactement un roman à propos de l'écriture d'un roman, écrit par un autre ; entre fiction et réalité.  Je m'explique. Clay Hammon fait une lecture public de son dernier livre The Words dans lequel un jeune auteur, Rory Jansen , en mal de reconnaissance tente vaille que vaille de placer son roman chez différents éditeurs. Cet homme vit avec une très belle jeune femme et il est entouré d'une famille aimante. Finalement il va se construire une vie somme toute agréable mais loin de ce qu'il envisageait. Au cours de sa lune de miel, à Paris , son épouse va lui offrir une vieille serviette en cuir découverte chez un antiquaire, pour dit-elle qu'

Wheelman [Frank Grillo / Jeremy Rush]

En partie produit, et surtout entièrement cornaqué par War Party™, la société de production de J oe C arnahan & de F rank G rillo, et magistralement interprété par ce dernier ; « Wheelman 2017 » repose sur la règle des 3 unités du théâtre dit classique :  • Unité temps : Une nuit.  • Unité d'action : Une attaque à main armée ne se déroule pas comme prévue.  • Unité de lieu : Une BMW E46  Autrement dit, 98% du film se déroule dans une voiture avec seulement F rank G rillo au volant et à l’écran. Son personnage n'interagit avec l'extérieur quasiment que via un téléphone portable.              Tourné à Boston en seulement 19 jours, pour un budget légèrement supérieur à 5 millions de dollars, « Wheelman » est, au moment des comptes, une péloche dégraissée et bien relevée.  D'entrée de jeu les premières minutes donnent le ton : « l'homme au volant » du titre a été embauché pour être chauffeur lors d'un braquage à main armée. Divorcé, sa fille adolescente, d